Des dossiers pour le programme de 5e

De l'esclavage à la ségrégation

LA SÉGRÉGATION RACIALE AUX ETATS-UNIS

                      par M. AIT SAID

On appelle ségrégation raciale un système qui organise et légalise la séparation et la mise à l'écart des individus en fonction de leurs origines ou de leur couleur de peau. Pendant de longues décennies aux Etats-Unis et surtout dans les Etats du sud, les populations vivaient dans un système de ségrégation raciale.

LES ORIGINES D'UN SYSTÈME QUI PERSISTE

Le cadre de notre étude est le sud des Etats-Unis dans les années 1950-1960.

Pourquoi sont-ce en particulier les Etats du sud des Etats-Unis qui conservent, alors, ce système ? 

L'une des réponses à cette question est à trouver dans le passé  esclavagiste de ces Etats. Les plantations de coton et de tabac furent longtemps au centre de leur économie. Longtemps, également, ils utilisèrent une main d'oeuvre esclave.

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Cette image, datant de la deuxième moitié du XIXe siècle, représente une plantation de coton dans le Mississippi. Il est intéressant de noter que tous les secteurs liés à l'économie du coton sont concentrés dans le même espace.Cueillette, traitement dans les fabriques à proximité, chargement des ballots de coton au premier plan. . Cette concentration renvoie à la volonté des planteurs d'aller vers une rentabilité maximale.Elle passe par le maintien d'une main d'oeuvre composée essentiellement d'esclaves.Ces derniers très présents dans ce documents forment la base de ce système.Le fameux cours d'eau, à l'arrière plan du document, nous montre des navires à vapeur en circulation. 

La photographie suivante, prise au début du XXe siècle à la Nouvelle Orléans, rappelle l'importance de ce mode de transport dans l'économie du coton surnommé l'or blanc.  Une multitude de ballots de coton attend d'être embarqué sur les nombreux navires à quai. 

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C'est notamment l'importance locale de ce système et de cette économie qui fut à l'origine de la guerre de sécession (1860-1865). Les Etats du sud refusèrent l'éventualité d'une l'abolition de l'esclavage promise par le président Abraham Lincoln élu en 1860.

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Peu après son élection, 11 Etats du sud font sécession, parmi lesquels 7 sont esclavagistes. Faire sécession signifie qu'il se sépare du reste du territoire fédéral. S'en suit une guerre civile de cinq années entre les représentants des Etats du nord, abolitionnisteset les Etats du sud, esclavagistes. Parmi eux figurent la Louisiane, la Caroline du sud et du nord, le Mississippi, la Géorgie, le Texas, la Floride, l'Arkansas, le Tennessee et la Virginie. Ils sont représentés en rouge sur la carte ci-dessus et les Etats du nord en bleu. 

Le conflit s'est soldé par la victoire des Etats fédéraux (du nord) et l'abolition de l'esclavage, le 6 décembre 1865, quelques mois après l'assassinat d'Abraham Lincoln, le 26 avril de la même année.

 

DE L'ESCLAVAGE A LA SÉGRÉGATION RACIALE

Progressivement, se met en place, dans les Etats défaits, un système de ségrégation raciale. Il est le résultat d'un compromis né en 1877. Cette année marque la fin de l'occupation des armées du nord sur les territoires du sud. C'est aussi l'année de l'institution des lois dites de Jim Crow. Elles réglementent la séparation des Blancs et des Noirs dans les services et lieux publics: écoles, transports, restaurants. Il s'agit là de contourner les lois fédérales en instituant le principe separate but equal ( séparés mais égaux). L'égalité n'est que de façade tant la ségrégation imprime, par ces écriteaux et ses lignes de séparation, un racisme au quotidien. 

 

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Cette photographie prise, dans les années 1950 en Caroline du nord, par Elliott Erwitt, pour l'agence Magnum, en témoigne.Le lieu est une salle d'eau. Les inscriptions white et colored marquent la ségrégation. Celle-ci est amplifiée par la différence évidente de la qualité des équipements destinés au même usage. 

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Cet autre document ( ci-dessus) illustre, dans un bus cette fois, ce que fut au quotidien le principe de ségrégation.Le panneau white marque une démarcation nette entre les Blancs à l'avant et les Noirs à l'arrière du bus.Ce qui est le plus flagrant dans cette autre photographie est la présence de places libres à l'avant et des personnes se tenant debout à l'arrière.Ces dernières ne peuvent, selon la réglementation en vigueur, s'asseoir sur les places libres.

SÉGRÉGATION RACIALE ET VIOLENCE FAITE AUX NOIRS

La fin de la guerre de sécession et surtout l'adoption de l'abolition de l'esclavage dans les Etats du sud, marquent également un tournant dans la violence dont furent victimes les populations afro-américaines. C'est, en effet, dès 1865 qu'apparaît le Klux Klux Klan.

C'est une organisation qui milite pour le maintien d'une supériorité des Blancs dans la société. Elle rejette tous les autres éléments : Afro-américains, Asiatiques, Hispaniques. C'est toutefois contre la population noire que ses attaques furent les plus violentes.

 

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Membres du Klu Klux Klan paradant lors d'une manifestation du mouvement en Louisiane en 1922.

Cagoulés, ses membres brandissent des croix brûlées en se dirigeant vers les maisons occupées par les personnes de couleur. Quand ils y font irruption, ils ne se contentent pas toujours de les intimider. Des coups de fouets et des actes de pendaison ont souvent été recensés.Cette organisation est officiellement interdite par les autorités fédérales en 1877.Cela ne l'empêche pas de perdurer et d'organiser régulièrement des opérations de lynchage et des incendies de maisons et d'églises.  

Les arbres sur lesquels étaient pendues les victimes de ces actions ont inspiré une chanson écrite et interprétée par la grande chanteuse de jazz Billie Holiday en 1939 . Son titre est Strange Fruit, Fruit Étrange. Elle y chante son chagrin de voir se répéter cette scène dans les Etats du sud. L'image de l'arbre et du fruit renvoie à un cycle devenu quasi naturel, saisonnier de la barbarie. Voici une version de cette chanson avec les paroles et leur traduction.  

 

Southern trees bear strange fruit
Les arbres du Sud portent un fruit étrange

Blood on the leaves
Du sang sur les feuilles

Blood at the root
Du sang sur les racines

Black bodies swinging in the southern breeze
Des corps noirs se balancent dans la brise du Sud

Strange fruit hanging from the poplar trees
Un fruit étrange est suspendu aux peupliers

Pastoral scene of the gallow south
Scène pastorale du vaillant Sud

The bulging eyes and the twisted mouth
Les yeux exorbités et la bouche tordue

The scent of magnolia sweet and fresh                                                                                                                                    
Le parfum de magnolia doux et frais

Then the sudden smell of burning flesh
Puis l'odeur soudaine de chair brûlée

Here is a fruit for the crows to pluck
Voici un fruit que les corbeaux cueillent

For the rain to gather
Que la pluie fait pousser

For the wind to suck
Que le vent assèche

For the sun to rot
Que le soleil fait mûrir

For the tree to drop
Que l'arbre fait tomber

Here is a strange and bitter crop
Voici une récolte étrange et amère

   

 

LA LUTTE CONTRE LA SÉGRÉGATION RACIALE

C'est d'une autre femme que vient, en 1955, le véritable lancement d'un mouvement de protestation d'envergure contre ce système de ségrégation. Son nom est Rosa Parks. Elle est née en 1913 en Alabama. Elle aurait eu cent ans en 2013. Même si son acte n'est pas le premier du genre, il est certainement le plus retentissant. Le 1er décembre 1955,  à Montgomery, dans son Etat natal, elle refuse de céder sa place de bus à un Blanc. Voilà comment elle raconte cet événement : 

"D'abord, j'avais travaillé toute la journée. J'étais vraiment fatiguée après cette journée de travail. Mon travail, c'est de fabriquer des vêtements que portent les Blancs. Ça ne m'est pas venu comme ça à l'esprit, mais c'est ce que je voulais savoir : quand et comment pourrait-on affirmer nos droits en tant qu'êtres humains ? Ce qui s'est passé, c'est que le chauffeur m'a demandé quelque chose et que je n'ai pas eu envie de lui obéir. Il a appelé un policier et j'ai été arrêtée et emprisonnée."                           

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Selon la législation en vigueur dans l'Etat d'Alabama, Rosa Parks fut déclarée coupable et condamnée à verser une amende de 15 dollars.Ce qui, en revanche, n'était pas prévue, fut l'ampleur et l'immédiate réaction des organisations militant pour les droits civiques. Rosa Parks était membre de l'une d'elle. L'ironie de l'histoire est que, douze ans auparavant, Rosa Parks avait déjà agi de la sorte avec le même chauffeur de bus. Cette fois-ci, l'action d'un jeune pasteur de 26 ans, du nom de Martin Luther King, s'avéra décisive. Avec d'autres, il organise le boycott de la compagnie de bus dès le lendemain de l'arrestation.Le succès et la résonance du mouvement sont sans précédent. C'est la naissance du collectif Montgomery Improvment Association. Martin Luther en prend la direction. Rosa Parks en est le symbole. Le boycott dura 381 jours, jusqu'à ce que la cour suprême des  Etats-Unis ne déclare  la ségrégation dans les transports en commun illégale. Nous sommes le 20 décembre 1956.  L'utilisation du boycott et de la non-violence par le mouvement en faveurs des droits civiques des Afro-américains, rappelle le procédé que prôna Gandhi en Inde, à partir de 1919, dans son combat contre la colonisation britannique. Lors de l'annonce du décès de Rosa Parks en 2005, la compagnie de bus RTA qui dessert la ville de Montgomery a décidé pendant quelques jours de laisser les premières places des véhicules vacantes. Sur ces dernières se trouvait une photographie de Rosa Parks avec cette inscription : " La société de bus RTA rend hommage à la femme qui s'est tenue debout en restant assise". 

L'épisode de Montgomery est la première grande victoire d'une lutte qui, pendant une décennie, mobilisa de plus en plus de personnes, de médias et fit de Martin Luther King une figure mondialement célèbre, auréolé du prix Nobel de la paix en 1964. La même année, sous la présidence de Lyndon Jonhson, qui reprend le dossier avancé par l'administration de John Fitzerald Kennedy, les Civil Right Acts enterrent définitivement la ségrégation raciale aux Etats-Unis.  Un an auparavant, le 28 août 1963, il prononce à Washington, devant le Lincoln Memorial, le fameux discours dont voici,ici, un extrait sous-titré en français :  

                                           

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LES TRÉSORS SAUVES DE TOMBOUCTOU

L'HISTOIRE DES MANUSCRITS DE TOMBOUCTOU

par M.AIT SAID

I. TOMBOUCTOU DANS L'ESPACE ET LE TEMPS

 

Tombouctou est peut-être la ville la plus importante du nord du Mali.

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 La carte ci-dessus nous donne des indications sur la localisation de la ville par rapport aux autres du pays. Il est à noter qu'elles sont toutes situées au bord du fleuve Niger. En vert se trouve le bassin de ce grand fleuve.

Avec ses 55 000 habitants environ, c'est surtout pour son histoire et sa culture qu'elle est aujourd'hui mondialement reconnue. La ville entière est classée au patrimoine mondial de l'Unesco pour sa l'originalité de son écosystème. On la surnomme "la ville aux 333 saints". En effet, l'Islam qui est pratiqué depuis à peu près le XVIe siècle est malékisme et soufiste. Cela signifie qu'il est axé en partie sur le culte des saints. Ces saints sont souvent des chefs de tribus, des fondateurs de lignée familiale, des individus à l'origine d'une installation. Cette particularité a permis à ce courant de mieux s'adapter à un environnement dominé par l'animisme et passer de la croyance aux esprits au culte des saints. Le culte des saints maliens à marqué le paysage urbain de Tombouctou. Les innombrables mausolées aux formes coniques ou pyramidales en sont une marque. En voici quelques exemples photographiés. Les mausolées sont ici au centre de deux des plus grandes mosquées de la ville.

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  Grande mosquée Djingareyber de Tombouctou

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 Mosquée de Sankore et son mausolée de forme pyramidale 

Un mausolée est le lieu de sépulture d'un saint. Les fidèles viennent y prier, déposer une offrande. Ce sont également des centres de pèlerinages pour toute la zone du Sahel.L'islam malékite soufiste du Mali est aussi réputé pour sa tolérance.L'acceptation d'autres formes religieuses s'imposaient dans une région d'Afrique au centre des échanges entre le Maghreb, le Sahara et les mines d'or et de sel du Golfe de Guinée.

 

 

 

 

 

II. TOMBOUCTOU, UNE CITE OCCUPÉE ET DES TRÉSORS À PROTÉGER

En avril 2012, la cité et ses trésors culturels sont envahis par des terroristes basés dans le Sahel. Pendant près d'un an, elle a été occupée par les islamistes intégristes d'AQMI. Derrière le sigle AQMI se cache Al Qaïda Maghreb Islamique. Ces hommes s'intéressent dès leur arrivée au patrimoine exceptionnel de Tombouctou. Les archives multiséculaires contenant des essais, des corans et textes littéraires, des remèdes médicaux, de traités d'astronomie sous forme manuscrite, sont menacées de destruction.

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Traité d'astronomie manuscrit archivé à Tombouctou dans le centre culturel Ahmed Baba

 

Pourquoi une telle concentration de manuscrits à Tambouctou ?

La réponse est à chercher au XVe siècle. À ce moment de l'histoire, la cité devient un centre intellectuel. Près de 25 000 étudiants fréquentent les 125 écoles coraniques de Tombouctou.Cette intense activité, parallèle aux échanges commerciaux transsahariens, est à l'origine de cette pépinière de livres, unique au monde. Les savants et les copistes y sont nombreux. Ils font basculer cette région de tradition orale vers une riche civilisation de l'écrit. 

Parmi les grands savants de Tombouctou penchons nous sur Ahmed Baba: 

   Ahmed Baba, le Soudanais (1556-1627) fut un prolifique savant et homme de lettres ouest-africain. Il fut l'un des chefs de file de la résistance intellectuelle à l'invasion salienne ( ex-Maroc) du XVIe siècle. Humaniste, il s'engagea concrètement dans la lutte de libération, conformément à ses positions philosophiques sur l'égalité de toutes les races devant la loi divine, sur le droit à la liberté de tout le peuple. Il est le symbole du métissage entre les peuples arabo-berbères et noirs soudanais. Les Arabes qui l'emprisonnèrent s'étonnèrent de l'érudition de cet homme noir de peau : "Comment se fait-il qu'il y ait tant de lumières dans tout ce noir ?" interrogea un jour l’un de ses geôliers. "Tout ce qui est blanc n'est pas du mat, tout ce qui est noir n'est pas du charbon" répondit Ahmed Baba.   

Petit portrait extrait d'un article de Télérama paru le 13 février

 

En 2012, durant cette année d'occupation,  des hommes se sont organisés pour sauver ces textes en usant de ruse et beaucoup de courage. C'est le cas du directeur du nouveau centre culturel Ahmed Baba du nom du savant du XVIe siècle. Il a annoncé aux intégristes que les manuscrits se trouvaient à l'intérieur des locaux. Ils avaient, en fait, pour un grand nombre d'entre eux, été transférés sur un autre site : l'ancien centre fondé en 1973. Ce mensonge pouvait lui coûter la vie. D'autres hommes ont participé au sauvetage. Ils ont caché les livres dans différentes maisons de la ville et entrepris leur transfert en lieu sûr comme vers la capitale Bamako. Ainsi, des livres pluri centenaires ont dû être enfouis dans des sacs de riz, dans des caisses et transportés, dissimulés, en mobylette, camion ou dos de mulet. C'était cela ou les laisser brûler par les occupants. Ces derniers, aveuglés par leur fanatisme, ont détruit quelques pièces. Leur ignorance les a même conduit à brûler des manuscrits du coran, leur livre saint, vieux de plus de 500 ans.

Depuis le 28 janvier 2013, Tombouctou est libérée des intégristes par les troupes franco-maliennes. Certains héros de la conservation des manuscrits attendent que les démineurs français sécurisent certains lieux pour retrouver des livres laissés dans la ville. Ce qui est certain en tout cas, c'est que la grande majorité du trésor a pu être protégée de la barbarie. Aujourd'hui, les manuscrits transférés retrouvent le chemin de Tombouctou pour y être restaurés dans des ateliers.  

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  Atelier de restauration de certains manuscrits retournés à Tombouctou ( février 2013). 

 

Voici un dossier documentaire pédagogique et une fiche d'activité élève qui peuvent être utilisés en complément du présent article :

TombouctouTombouctou (540.52 Ko)TombouctouactivitesTombouctouactivites (118.06 Ko)